vendredi 17 mars 2017

Silence : un livre, un film

Silence
Shusaku Endo
Paris, Gallimard, 1966.


Silence (en japonais 沈黙 ou Chinmoku) est un roman historique, écrit en 1966 par Shusaku Endo, écrivain japonais catholique. Sous forme littéraire de journal personnel et lettre envoyée en Europe à ses supérieurs il illustre le drame de conscience vécu par les missionnaires jésuites européens au Japon du XVIIè siècle qui connait de grandes persécutions antichréteinnes et sont les témoins des tortures infligées à ceux qu'ils ont convertis au christianisme. Explorant le thème du ‘silence de Dieu’ au milieu de la souffrance subie en son nom, le roman obtinten 1966 le prix Tanizaki et qui est considéré comme le chef-d'oeuvre de Shusaku Endo.


Cadre historique et intrigue
Au XVIIè siècle, après un mouvement de conversions au christianisme, la toute jeune Eglise entre dans une ère de graves persécutions. La persécution des chrétiens et de leurs prêtres (le plus souvent étrangers) est sévère; les tortures infligées pour obtenir le reniement de la foi chrétienne sont  raffinées et atroces.  C'est dans ce contexte que deux jésuites portugais, le Père Rodriguez et le Père Garpe malgré les graves dangers qui les attendent, se rendent au Japon pour y soutenir les chrétiens et enquêter sur le cas d’un missionnaire (le Père Ferreira) qui succombant aux tortures avait abjurer. Ils y arrivent mais sont bientôt découverts et emprisonnés.
La moitié du roman est le "journal personnel" tenu par le jeune missionnaire, le Père Sébastien Rodrigues, tandis que l'autre moitié est écrit à la troisième personne, et consiste en lettres des autres associés au récit narratif. Le roman raconte les procès des chrétiens et les difficultés croissantes subies par Rodrigues.
Sébastien Rodrigues et son compagnon, le père François Garpe arrivent auJapon en 1638. Ils trouvent une population qui vit sa foi dans la clandestinité. Pour dénicher les chrétiens cachés, les hommes du gouverneur forcent ceux qu’ils soupçonnent de l’être à piétiner une image du Christ (épreuve du fumi-e. Ceux qui refusent sont emprisonnés et torturés à mort.
Rodrigues et Garpe ne sont pas en mesure de poursuivre longtemps leur ministère pastoral. Bientôt arrêtés ils sont contraints à être témoins de la mort lente et cruelle de chrétiens japonais refusant d’abandonner leur foi. Il n'y a pas de gloire dans ces martyrs en vient à  penser Rodrigues au contraire de ce qu’il avait imaginé, mais seulement brutalité et cruauté.
Avant l'arrivée de Rodrigues, les autorités avaient tenté de forcer les prêtres à l'apostasie en les torturant plus moralement que physiquement. Le succès obtenu avec le père Ferreira qui apostasia sous la torture et qui devint ensuite leur allié, les fait changer de stratégie. Ils forcent les prêtres à regarder les tortures et tourments infligés à leurs chrétiens leur faisant comprendre qu’ils en sont responsables et qu’il leur suffit de renoncer à la foi pour mettre fin à la souffrance de leurs convertis.
Dans son journal Rodrigues décrit ses combats et débats intérieurs. Il comprend que l’on puisse accepter de souffrir pour défendre sa foi. Mais sous la pression de Ferreira, face au silence de Dieu (d’où le titre du livre)  il prend le parti d’abjurer pour sauver des vies et mettre aux souffrances endurer par les autres.
À un moment paroxystique de l’action, Rodrigues entend les gémissements de ceux qui ont abjuré, mais doivent rester dans le puits de torture jusqu'à ce que lui-même bafoue l'image du Christ. Alors que le regard de Rodrigues se porte sur l’image du Christ, prête pour le fumii-e, celui-ci rompt son silence et Rodrigues entend : « Piétine ! Piétine ! Mieux que quiconque je connais la souffrance. Piétine ! C’est pour être piétiné par les hommes que je suis venu au monde ! C’est pour partager la douleur des hommes que j’ai porté ma croix ! » Rodrigues s’exécute et les chrétiens sont libérés.
Une autre figure importante dans ce livre – comme dans le film : la figure du traitre. L’auteur a une tendresse particulière pour cet homme faible qui renie sans cesse, qui dénonce les chrétiens aux japonais, qui dénonce Rodriguez aux autorités  mais qui demande à chaque fois l’absolution. Et c’est cet homme qui finalement restera aux côtés de Rodriguez restant toujours le « Père » et vers qui il se tournera pour recevoir une dernière absolution.


Réception
Le roman fut un grand succès en librairie. Au Japon, il reçut le prix Tanzaki parce que considéré comme étant le meilleur roman de l’année 1966 et fut souvent l’objet d’analyses critiques. La représentation d’un Dieu qui souffre avec l’homme au lieu de supprimer la souffrance, interpelle ce qui fait la culture japonaise. Endo, dans son livre Une vie de Jésus, affirme que la culture japonaise s’identifie volontiers avec Celui qui « souffre avec nous » et qui ne tient pas compte de nos faiblesses... « J'ai essayé, non pas tellement de raconter un Dieu-Père, image qui a tendance à caractériser le christianisme, mais plutôt de représenter l'aspect maternel et bienveillant de Dieu révélé dans la personne de Jésus ».


Adaptations
Adapté une première fois au cinéma en 1971 par Masahiro Shinoda, le livre vient d'être porté sur les écrans par le réalisateur américain Martin Scorsese. Le film se révèle fidèle au roman et permet au spectateur le drame vécu au Japon pendant cette période. Le spectateur est inviter à se poser des questions : le sens du martyr, le douloureux problème de l'apostasie ainsi que les conséquences des missions dans un pays à la culture des missionnaires étrangers.


source : Wikipédia
publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

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