mercredi 31 août 2016

L'héritage des Grecs

Le miracle grec
In Philosophie magazine – Hors série numéro 30
Eté  2016.


"Le « miracle grec » désigne cette extraordinaire floraison au cours de laquelle des grecs ont inventé… tout ou presque ce qui fonde notre monde : le droit, la monnaie, la démocratie, la philosophie, l’histoire, la science, le théâtre... Ce que Paul Veyne baptise « la première grande civilisation mondiale ». Voyage aux origines de la pensée critique.
"La formule naît sous la plume du philosophe Ernest Renan dans sa Prière sur l’Acropole où il exprime son émotion devant ce « lieu où la perfection existe ».
 Mais a-t-elle un sens ?  Non ? ont répondu Jean-Pierre Vernant et ses successeurs. « Miracle » est trop chargé, trop chrétien, trop simpliste ; il suggère un coup de foudre qui gomme l’histoire et la causalité, le voyage des idées et leur transformation. Dans sa fulgurante concision, il favorise une tendance fâcheuse à focaliser le regard sur la seule Grèce, et sur l’acropole d’Athènes en particulier. Il impose  le partage entre aryen et sémite et ignore les racines qui s’étendent en Egypte et jusqu’à Babylone. En somme dit Vernant, il vaudrait mieux parler d’une révolution s’inscrivant dans le temps des hommes et faisant passer, en gros d’un univers mythico-religieux à celui de la raison ou de l’intelligence critique. Une révolution de la pensée à travers une curiosité raisonnée du monde qui s’appelle philosophie et dont Platon et Aristote soulignent qu’elle se rattache au thaumazein, la capacité de s’étonner et de s’inquiéter. Pas un miracle peut-être, mais tout de même un prodige. En latin : miraculum…"



PARTIE I : comment la raison vint aux grecs
La pensée rationnelle a un état-civil, écrit Jean Pierre Vernant, on connaît sa date et son lieu de naissance […] au VIe siècle dans les cités grecques d’Asie Mineure ».  Comment est-on passé du monde archaïque des palais à celui des cités démocratiques et des explications mythologiques du monde à la pensée scientifique et philosophique ? Cédric Villani, Michel Serres, Luc Ferry, donnent des raisons à ce miracle.

PARTIE II : petites disputes entre sages
La philosophie grandit dans des cités qui favorisent la gymnastique. Lutte des corps, lutte des esprits : comment façonne-t-on l’esprit d’un homme ? Comment l’entraîner pour qu’il pense juste et bien ?  Le vocabulaire de la palestre devient celui de la philosophie, exprimant ainsi que l’éducation véritable passe par l’affrontement. Voyage au pays de la lutte dialectique où certains cherchent, explique Barbara Cassin, « à dire ce qui est » et d’autres à « faire être ce qui est dit ».

PARTIE III : un monde de cités
De toutes les inventions liées à la cité, celle de l’agora est probablement la plus emblématique du nouveau rapport au monde inventé par les Grecs : en délimitant, au cœur de la ville, un espace vide réservé aux assemblées de citoyens, ils plaçaient de fait le logos au centre de leur cosmos. Un logos d’où étaient exclus les femmes, les étrangers et les esclaves : d’où la question, remarque l’historien Paulin Ismard, du « lien entre l’institution esclavagiste et la démocratie ».

PARTIE IV : pourquoi cela nous touche
Que l’héritage grec n’en finisse pas d’être revendiqué, au fil des siècles, atteste mieux qu’un long discours de l’extraordinaire corne d’abondance qu’il n’a jamais cessé de représenter jusqu’à aujourd’hui. Fleuve se déversant dans l’imaginaire européen en s’y créant à chaque fois des méandres nouveaux entre fantasme et réalité, le mythe de la Grèce blanche en tête : « le Beau grec est tout sauf blanc ! » assure l’historien Philippe Jockey. 


source : présentation du Magazine Philosophie Magazine - hors série numéro 30 - juin-septembre 2016.

publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

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