lundi 3 novembre 2014

MGR. PIERRE-MARIE GERLIER (1880-1965)



  • Pierre-Marie Gerlier, le cardinal militant (1880-1965)
  • Olivier Georges
  •             Paris, Mame, 2014. 474 pages


Le destin paradoxal d’un grand cardinal au service de l’Eglise pendant les années troubles de la première moitié du XXè siècle. C’est ce destin que nous relate l’historien Olivier Georges dans une volumineuse et dense biographie.

               Pierre-Marie Gerlier (1880-1965) fut d’abord avocat avant de devenir prêtre. Figure emblématique de l’Eglise il se fit connaître d’abord comme évêque de Tarbes et Lourdes dès 1929 en assumant la lourde charge de régler les contentieux autour du sanctuaire de Lourdes. Il se, montra un fidèle de Pie XI en appliquant les directives de Rome qui sanctionnait les membres de l’Action française.
               En 1937 Mgr. Gerlier fut nommé archevêque de Lyon : il devint ainsi comme primat des Gaules un des principaux acteurs de l’Eglise de France. Dès lors c’est en tant qu'évêque de Lyon qu’il est resté dans la mémoire des Français. En 1940 – suite à la défaite de la France – il prononça cette phrase : « Pétain, c’est la France et la France aujourd’hui, c’est Pétain ». : il est devenu pour beaucoup alors un des principaux défenseurs du Régime de Vichy mais sa ligne de conduite fut la suivante : « loyalisme au gouvernement sans inféodation ».
               Cette adhésion qui le lui fut reproché ne l’empêcha pas de protester lors des grandes rafles des juifs au nom de la dignité humaine, aidé en cela par des pasteurs et des responsables de la communauté juive ; cette parole permit d’ouvrir séminaires et couvents aux juifs pourchassés. Il va également couvrir certaines actions de la Résistance : c’est ainsi que les Cahiers du Témoignage  - avec le Père Chaillet – pourront dénoncer le nazisme et l’action du régime de Vichy et engager une résistance spirituelle.
               Après la guerre l’action du cardinal Gerlier fut de canaliser toute cette effervescence à la fois intellectuelle et pastorale. Il dut défendre à Rome certains dossiers délicats : l’œcuménisme avec le Père Couturier, la naissance des prêtres ouvriers et le soutien aux théologiens d’avant-garde. Mais il échoua à sauver les prêtres-ouvriers : Rome interdit cette innovation pastorale en 1954 par peur du communisme et aussi pour sauvegarder le rôle spécifique du prêtre. Peu à peu l’influence du Cardinal se fit moins influente : avec l’âge son rôle diminua et cela se vit lors du Concile Vatican II.
               Le cardinal Gerlier s’éteignit en 1965 après un long épiscopat (1937-1965). Ses funérailles furent l’occasion de rendre hommage à celui qui vécut la guerre de 1914-1918, qui eut à cœur d’être un pasteur obéissant à l’Eglise, qui s’engagea dans la voie d’une rénovation pastorale. Les protestants et la communauté juive lui rendirent également un vibrant hommage. Il fut déclaré Juste parmi les Nations en 1981 pour son attitude courageuse pendant la dernière guerre.




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