mercredi 19 novembre 2014

La philosophie ou « La Rigueur des choses »

Jean-Luc Marion, La Rigueur des choses, entretiens avec Dan Arbib, Paris, Flammarion, 2012, 300 p.

Stéphane Babey, La Haine de Dieu, Perpignan, Artège, 2011, 176 p.


Les livres d’entretien permettent d’accéder plus facilement au mode de réflexion d’un auteur qu’un ouvrage théorique parce que les concepts y sont exposés plus simplement et une biographie les éclaire. C’est donc le principe retenu ici par Dan Arbib, lui-même spécialiste de René Descartes et né en 1982, qui interroge Jean-Luc Marion, philosophe, professeur d’universités et membre de l’Académie française.
La formation de Jean-Luc Marion est largement évoquée. Parmi ses ramifications, le passage à la jeunesse étudiante chrétienne et le retrait de l’engagement (p 41). En effet, Jean-Luc Marion en était venu à considérer ne pas agir autrement que son homologue de l’union des étudiants communistes. Cet épisode, comme la recherche sur René Descartes (1596-1650), montrent la quête de rigueur du philosophe. Le livre traite également de la question du nihilisme et de son rapport à l’événement (p 266-280).
 
« La Rigueur des choses » est, au fond, ce qui manque à Michel Onfray, selon Stéphane Babey dans La Haine de Dieu, sous-titré Michel Onfray : de la posture à l’imposture. Il est vrai que dans Le Crépuscule d’une idole, L’Affabulation freudienne (Grasset, 2010, également disponible à la bibliothèque Mgr Depéry du diocèse de Gap), Michel Onfray manque pour le moins de précision scientifique dans son raisonnement et n’a, tout simplement, pas rédigé certains paragraphes qui ne sont qu’à l’état de notes !
Stéphane Babey réfute la nécessité d’une Contre histoire de la philosophie (de Michel Onfray, chez Grasset), la philosophie enseignée en France n’étant pas « aux mains d’idéologues au service d’un pseudo-conservatisme philosophico-religieux » (p 63). De même, attaquer le judéo-christianisme en raison de sa rigueur morale lui semble une chimère dans la mesure où le libertinage philosophique et érotique « constitue donc plutôt un retour aux sources qu’une radicale nouveauté » et encadre chronologiquement ladite morale (p 112).
L’honnêteté intellectuelle d’Onfray est même remise en cause. Comment peut-il promouvoir le « ni Dieu, ni maître » tout en faisant de « Nietsche son seul maître à penser » (p 130) ? Après avoir introduit son essai sur la maladie de l’Occident, l’auteur conclut sur une ouverture positive : « il s’agit bien […] de savoir retrouver le chemin du questionnement métaphysique pour ensuite jeter les bases d’une société dans laquelle les hommes trouveront à nouveau la possibilité d’échanger, de s’écouter, de se connaître ».

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