vendredi 21 mars 2014

Au XVIIIe siècle, un clergé diocésain au service des fidèles

Le clergé diocésain, au XVIIIe siècle, est mieux formé qu’au siècle précédent grâce à la généralisation des séminaires. Cependant, ces lieux de formation vont souffrir du départ des Jésuites dans les années 1760. C’est l’un des soubresauts, dans l’Eglise, des luttes contre le jansénisme nées au XVIIe siècle. Les séminaires sont aussi l’une des ferments de l’effervescence révolutionnaire : Gratien, directeur du séminaire diocésain de Chartres, devient évêque constitutionnel de Seine-Inférieure à partir de 1792.

L’un des problèmes de ce clergé est celui des revenus. La portion congrue est le revenu suffisant pour vivre, elle devient synonyme de revenus étriqués. Elle concerne un tiers des curés du diocèse de Nevers à la fin du XVIIIe siècle. Les bénéfices ecclésiastiques sont aussi une source de revenus mais ils sont l’objet d’une législation solide depuis le concile de Trente (1545-1563) et d’une jurisprudence qui veulent réprimer les abus. Des évêques, en outre, rappellent qu’il ne faut pas réclamer de rétributions pour la célébration d’un mariage si la somme prévue pour la publication des bans a été payée par les fiancés.

La célébration de la Cène et du sacrifice du Christ dans la messe amène les curés à utiliser les missels diffusés dans les diocèses. Des missels diocésains sont élaborés, comme à Chartres où il est imprimé à Paris en 1782 ou à Orléans (imprimé par la veuve Rouzeau-Montault en 1774). Leur rédaction est souvent un enjeu idéologique marqué par la question janséniste. Ces missels sont très largement diffusés comme en témoigne le nombre de ceux qui sont conservés dans les bibliothèques diocésaines, certains portant des ex-libris, signe de leur utilisation. Le missel romain s’imposera dans la seconde moitié du XIXe siècle : c’est le fruit d’une inlassable pastorale des évêques et du travail de spécialistes comme Dom Guéranger de Solesmes.

Enfin, les curés ont en charge la surveillance des écoles dans un XVIIIe siècle où la scolarisation se heurte massivement à l’obstacle du travail des enfants notamment dans le milieu rural. L’agriculture, notamment, a besoin des bras ! Les curés ont aussi à tenir les registres des baptêmes, mariages et sépultures. Les législations canoniques et civiles rappellent l’obligation des dépôts annuels et de la tenue rigoureuse des actes qui doivent être signés par les intéressés, témoins et célébrant. C’est l’une des permanences de la charge des âmes.


Luc-André Biarnais

Archiviste du diocèse de Gap et d’Embrun

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