mercredi 15 octobre 2008

ANNEE SAINT SAINT PAUL 2008/2009

PROVINCE DE MARSEILLE

DIOCESES
Aix en Provence et Arles
Ajaccio
Avignon
Digne, Riez et Sisteron
Fréjus-Toulon
Gap
Marseille
Nice



Découvrir les Lettres de Saint-Paul

« Pour moi, vivre c’est le Christ »
Philippiens 1,21


Réalisation du Parcours : Père Paul BONY
et son équipe : Cécile Hayot, Anne-Marie Lambert,
Sœur Denise Brischoux, Sœur Marie-Hélène Dupré la Tour,
avec la participation du Père Jacques Lefur


Transcripteur : Christine March,
Photo page de couverture : Sœur Denise Brischoux
(Portail de Saint-Trophime à Arles)
« L’Apôtre Paul est debout, montrant ses Lettres
qu’il porte sur le cœur, et allant de l’avant sur les chemins de la mission »

Les contacts sur la province
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=
Possibilité de faire appel à des personnes-ressources dans chaque diocèse

Votre diocèse : Contacts à Marseille :

………………………… Père Paul Bony e-mail : bonypaul@free.fr
Anne-Marie Lambert ( 04 91 08 16 10
Adresse postale :
Parcours Saint-Paul
Centre Diocésain « Le Mistral »
11 impasse Flammarion 13001 Marseille



« Vous êtes vous-mêmes une lettre du Christ »
(2 Corinthiens 3,3)



Chers amis,

Cette année paulinienne est un « moment favorable » pour nous mettre ensemble à l’écoute de Saint-Paul.

Ses Lettres s’adressent à nous encore aujourd’hui.

Paul nous rappelle ce qui est le cœur de l’Evangile : la personne du Christ Jésus, mort et ressuscité, vivant en nos cœurs par la foi, et rassemblant en son Corps la diversité innombrable des croyants du monde entier.

Paul, l’homme de l’universel.

Paul, le héraut de la grâce de Dieu.

Paul, le passionné du Christ, pour qui « vivre, c’est le Christ ».

Puissions-nous en l’écoutant, devenir nous-mêmes, comme il le dit des Corinthiens, « une lettre du Christ … écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant » (2 CO 3,3)

Bonne Route avec Saint-Paul,


Père Paul BONY

Le 4 Août 2008







® PRESENTATION

® INTRODUCTION

® FICHE 1
DIEU M’A REVELE SON FILS
Galates 1,11-24
® FICHE 2
J’AI TOUT PERDU POUR GAGNER CHRIST :
Philippiens 3,1-16
® FICHE 3
LA NAISSANCE D’UNE EGLISE A THESSALONIQUE
1 Thessaloniciens 1-2
® FICHE 4

LE MESSAGE DE LA CROIX
1 Corinthiens 1,10-2,5
® FICHE 5
LES DONS DE L’ESPRIT
1 Corinthiens 12,1-31
® FICHE 6
HYMNE AU CHRIST ABAISSE ET GLORIFIE
Philippiens 2,6-11
® FICHE 7
LE BAPTEME COMME COMMUNION AU CHRIST PASCAL
Romains 6,1-14
® FICHE 8
CONDUITS PAR L’ESPRIT
Romains 8, 1-30

® PROPOSITION POUR UNE RELECTURE

® BIBLIOGRAPHIE

® CARTE DU BASSIN MEDITERRANEEN : La Mission de Paul
Source Copyright : Reims - Ardennes / Numéro spécial Oct. 2006 p. 5 ( en dernière de couverture)



Ø LE TEXTE

Ø FICHE DE TRAVAIL POUR LES PARTICIPANTS
I - POUR LIRE
- Lexique
- Textes des Ecritures
II - ET MAINTENANT AU TEXTE
III - PISTES POUR ACTUALISER
IV - PISTES POUR L A PRIERE

Ø FICHE DE TRAVAIL POUR LES ANIMATEURS
V - QUELQUES CLES DE LECTURE
VI - POUR ALLER PLUS LOIN (fiches 6, 7 et 8)



PRESENTATION DU PARCOURS


A l’occasion de l’année Saint-Paul proposée par Benoît XVI, un parcours biblique est proposé pour la province de Marseille autour des Lettres de Paul.

OBJECTIF

Ø Susciter des groupes de partage (6 à 10 personnes) dans les communautés et paroisses.


MOYENS

Ø 8 rencontres de petits groupes dans l’année

Ø une fiche générale de présentation du parcours


Ø Pour chaque rencontre : une fiche avec le texte biblique, des questions sur le texte, des pistes pour actualiser, des pistes pour la prière, quelques clés de lecture pour approfondir le sens du texte.

Ø Possibilité de faire une relecture du Parcours en fin d’année.


COMMENT CONSTITUER CES GROUPES

Ø Chaque diocèse peut désigner un groupe de pilotage qui réunira les animateurs en début d’année pour lancer le projet et aussi en fin d’année pour un bilan.

Ø Ce groupe enverra les fiches en les adaptant si nécessaire. Il proposera aux paroisses, mouvements, aumôneries d’appeler des animateurs.

Ø Les prêtres, les équipes pastorales, les aumôneries, les mouvements :
§ appellent des groupes à se constituer
§ invitent des groupes existants à faire ce choix
§ proposent à des personnes de devenir animatrices.



LES ANIMATEURS

Il ne s’agit pas d’avoir des connaissances bibliques particulières mais de savoir conduire une réunion, gérer le temps de parole, veillant à ce que personne ne l’accapare, que chacun s’exprime, qu’il n’y ait pas « instruction », mais « partage ».


DEROULEMENT D’UNE RENCONTRE et PRESENTATION DES DOCUMENTS


Durée : 2 heures environ

Chacun vient avec sa bible et de quoi écrire.

Composition de chaque fiche :
Le texte biblique à étudier, dans une traduction proche de la TOB le plus souvent.
A destination des participants : Un document composé de 4 parties :
« Pour lire » : on lit ensemble la première partie de la fiche. Elle est accompagnée d’un lexique et de quelques textes bibliques complémentaires.
Ø « Et maintenant au texte » : l’animateur invite au travail du groupe sur le texte,
Ø « Pistes pour actualiser » : échange commun sur le lien à la vie.
Ø « Pistes pour la prière»

Pour chacune de ces parties, l’animateur choisira avec le groupe, les questions, les pistes… qui lui seront le mieux adaptées (ces pistes sont indicatives).

A destination des animateurs :
Ø « Quelques clés de lecture » : Ce document est à destination de l’animateur pour qu’il puisse le travailler avant la rencontre, et exploiter les éléments de compréhension théologiques du texte. Il n’est pas souhaitable de donner ces clés de lecture à tous afin de mieux centrer la rencontre autour du texte. Il peut être remis aux participants à la fin de la réunion.
Ø « Pour aller plus loin » : éléments complémentaires éventuels.


A noter :Ces textes sont souvent en lien avec l’année liturgique :d’octobre à juin)
(Exemple : fiche 2 : La 1 ière aux Thessaloniciens : 29ème et 31ème dim Année A)





INTRODUCTION A LA LECTURE DE SAINT-PAUL


Pourquoi lire Saint-Paul ?


«Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi»

«L'amour du Christ nous presse …
Malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile»

«Je ne suis pas peu fier de l'Évangile,
il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit»

«Nous aurions voulu vous donner non seulement l'Évangile,
mais notre propre vie, tellement vous nous êtes devenus chers … »


Quelqu'un à entendre

Comment ne pas vibrer à ces phrases sorties de la bouche de Paul tandis qu'il les dictait pour les communautés qu'il avait fondées moyennant bien des risques et des fatigues.

« Le souci de toutes les Eglises » n'avait d'égal que l'amour qu'il portait au Christ, devenu le cœur de sa vie. C'est pour elles qu'il a dicté ces lettres, écrites dès les années 50, à peine vingt ans après la crucifixion de Jésus et vingt ans avant les évangiles de Marc, Luc et Matthieu.

Et j'entends quelqu'un du fond des origines chrétiennes, qui ne me raconte pas Jésus, parce qu'il ne l'a pas connu durant son ministère en Galilée, mais qui est le seul du Nouveau Testament à me dire en direct : «Christ m'a aimé et s'est livré pour moi». Il sait au moins dire ce qui a été le point culminant de sa vie : sa mort sur la croix, avec le sens qui l'a bouleversé, et il a le mérite d'être le premier à nous avoir transmis ce qu'il avait lui-même reçu : le récit de la dernière cène, « la nuit qu'il fut livré »...

Merci, Paul, de ce trésor spirituel. Après ça on ira dire sur toi :

Ø que tu es « l'enfant terrible du christianisme », que tu es misogyne (ceux qui disent cela ne t'ont probablement jamais lu)

Ø que tu es ardent et sans concession (c'est vrai que tu as remonté les bretelles de Pierre à Antioche, parce que, selon toi, il ne marchait pas droit dans la vérité de l'Évangile)

Ø que tu es profond mais difficile.

Cette dernière remarque a sa part de vérité. Mais il ne faut tout de même pas s'imaginer que tu es incompréhensible, si on se donne tant soit peu la peine de voir ce qui, dans ton ministère apostolique, t'a amené à faire les mises au point qui s'imposaient.





Il y a une chose que l'on peut facilement remarquer et qui est constante : tu ramènes toujours le Christ au centre. On se dispute à Corinthe autour de telle ou telle personnalité ? C'est qu'on oublie que seul le Christ a été crucifié pour nous. On veut imposer les pratiques juives aux convertis des nations ? On n'a pas saisi que désormais c'est le Christ, le propre Fils de Dieu, qui est le don définitif de Dieu à l'humanité.

On veut se donner de l'importance et s'estimer supérieur aux autres ? Tu mets sous nos yeux ce Christ de condition divine qui s'est abaissé jusqu'à mourir sur une croix. Et tu portes son effigie dans la précarité de ta vie apostolique, conforme à celui que tu annonces, et tu n'as pas besoin d'exhiber visions et révélations pour te qualifier, comme certains qui voudraient te faire concurrence.

Il y a, en tout cas, un point sur lequel ils ne pourront jamais rivaliser avec toi : tu ne réclames pas d'argent à ceux que tu évangélises. Tu préfères te fatiguer à gagner ta vie par le travail. « Voyez ces gros caractères, dis-tu, que tracent mes mains pour signer cette lettre que j'ai dictée », des mains de fabricant de tentes.


Des lettres à lire

Les lettres de Paul sont le prolongement de son action apostolique. Elles assurent une forme de présence dans l'absence. Elles sont des réponses à des consultations des communautés ou des interventions directes de l'Apôtre.

Grâce à elles, nous voyons vivre les Églises fondées autour du bassin méditerranéen dans les années 40-50.

Ses lettres sont des tranches de vie.

La théologie paulinienne n'est pas une théologie en chambre, elle s'élabore au fur et à mesure où la mission exige des éclaircissements, où les conflits réclament des solutions, où l'avancée de la vie chrétienne appelle des orientations et un soutien.

Paul a su merveilleusement unir action et réflexion, mission et communion. Ce n'est pas tout d'étendre l'Évangile toujours plus loin, il lui faut encore montrer que c'est bien l'Évangile.

Certains l'accusaient de le trahir par démagogie, pour se gagner les faveurs des gens des nations sans leur imposer les exigences de la Loi juive. Paul, avec son sens aigu de la nouveauté du Christ, déroutait un certain nombre de juifs chrétiens de la première heure, qui ne voyaient pas bien clairement, en tout cas pas aussi clairement que lui, que le temps de la Loi était fini.

Dans la croix du Christ, la barrière de la Loi qui, aux yeux d'un juif, coupait l'humanité en deux : Israël et les Nations, cette barrière avait été abattue.

Maintenant on devait pouvoir faire vivre ensemble les croyants venus d'Israël et les croyants venus des Nations. Ils devaient pouvoir manger ensemble et célébrer ensemble le même repas du Seigneur.





Paul n'a pas été seulement un grand missionnaire, capable de fonder de nouvelles communautés à travers risques et périls ; il a joué aussi sa vie dans le souci de faire habiter les uns et les autres dans la même maison, de les rassembler dans la même famille de Dieu.

Mission et communion, l'Évangile et l'Église, ont été les deux soucis majeurs de Paul. Comme l'a écrit un maître juif contemporain, s'il s'était contenté de gagner des disciples à l'Évangile chez les Nations, il aurait pu mourir tranquille dans son lit ; mais il a voulu que juifs et non-juifs puissent s'asseoir à la même table : il en est mort.


Le recueil des lettres pauliniennes

Nous disposons dans le Nouveau Testament d'un recueil des lettres de Paul.

Il y en a quatorze en comptant l'épître aux Hébreux, mais celle-ci est très différente des autres, elle n'est pas mise sous le nom de Paul et elle est bien postérieure à l'époque de son ministère apostolique, elle a cependant des accents pauliniens qui l'ont fait rattacher à ce même recueil.

On parle tantôt de lettres, tantôt d'épîtres.

Une épître est un traité sous forme de lettre. Les écrits pauliniens sont de vraies lettres, avec adresse, salutation, prière, nouvelles, annonces de projets, etc … Le cadre épistolaire n'est pas fictif, mais réel. Seulement les circonstances qui amènent Paul à écrire à telle ou telle Église réclament de sa part des exposés consistants de l'Évangile. Par son exposé de grande ampleur, la lettre aux Romains mérite, plus que les autres, le nom d'épître ; cependant elle est encore motivée par des projets bien concrets que Paul expose aux chrétiens de Rome, elle reste une lettre.

Parmi les lettres mises sous le nom de Paul, sept jouissent d'une authenticité indiscutée aux yeux de la critique littéraire, basée sur des critères objectifs, reconnus par tous, chrétiens ou non.

Ce sont : - la première Lettre aux Thessaloniciens
- les deux épîtres aux Corinthiens
- l'épître aux Galates
- l'épître aux Philippiens
- le billet à Philémon
- et l'épître aux Romains

En dehors de la première aux Thessaloniciens, écrite depuis Corinthe en 50, au cours du 2ème voyage missionnaire de Paul, les six autres sont de la période de crise que Paul a connue pendant son troisième voyage missionnaire qui l'a conduit à Ephèse entre 53 et 56.

Quant aux épîtres aux Colossiens et aux Ephésiens (dites «de la captivité» parce qu'écrites par Paul, prisonnier), et aux épîtres à Timothée et Tite (dites «pastorales»),
elles sont généralement attribuées à une école de disciples de Paul, qui ont le souci de garder l'héritage face à des questions nouvelles.


Le tableau ci-dessous
[1] permet de situer les épîtres de Paul dans le cadre de son ministère apostolique, auquel elles sont intimement liées .

Les grandes étapes de la vie de saint Paul et ses lettres.

Lieux majeurs
de la mission
paulinienne
Dates

Rédaction des épîtres

TARSE
Vers 5/10 ap JC

Enfance et jeunesse à Tarse (actuellement Tarsus en Turquie)
puis à Jérusalem (disciple de Gamaliel ?)


DAMAS
Vers 33
Conversion à Damas (Ga 1,15-17 ; Ac 9,1-18)
Premier essai missionnaire en « Arabie » (Jordanie actuelle)
Retour à Damas ; évasion (Ga 1, 17 ; 2Co 11,32)


JÉRUSALEM

Vers 37

Première montée à Jérusalem :
rencontre de Pierre et de Jacques (Ga 1, 18-20)
Départ pour la Syrie / Cilicie ( Ga 1,21)


ANTIOCHE




40-45

Séjour dans l'Église d’Antioche de Syrie (Ac 11, 25-26)
et premier grand circuit missionnaire à partir d’Antioche, avec Barnabé : Chypre, Anatolie du Sud (jusqu’à Iconium = Konya, Turquie)

CORINTHE
46-51
50-51

Deuxième circuit missionnaire à partir d’Antioche
( Ac 15, 36 – 18, 22)
traversée du plateau anatolien (Turquie centrale) ; évangélisation des Galates
fondation d'Églises :
en Macédoine : Philippes, Thessalonique ;
et en Grèce : Corinthe ; comparution devant le proconsul Gallion


1ère aux Thessaloniciens (50)

JÉRUSALEM

Fin 51

Conférence de Jérusalem : 2ème montée (14 ans après la 1ère, Ga 1, 17 ; 2,1) : les croyants des nations ne sont pas soumis à la Loi juive ; décision d’une collecte pour les pauvres de l’Eglise-mère de Jérusalem
Mais peu après incident d’Antioche (G a 2, 11-14)



EPHÈSE

52-55


Hiver
55/56
Troisième circuit missionnaire : voyage de « la collecte »
- rayonnement missionnaire à partir d’Ephèse, vers Colosses
- opposition externe (emprisonnement ; danger de mort)
- conflits internes : menées judaïsantes en Galatie ; divisions, contestations de l'autorité de Paul à Corinthe ;
- passage en Macédoine, pointe vers l’Illyrie ( ?)
séjour paisible à Corinthe ; projet de voyage en Espagne en passant par Rome ; décision de porter lui-même la collecte à Jérusalem

Galates
Philippiens, Philémon
1 Corinthiens
2 Corinthiens
Romains

JÉRUSALEM


Vers 57/58

Troisième montée à Jérusalem pour porter la collecte ;
arrestation sur l’esplanade du Temple par le tribun romain Lysias (Ac 21-22)



ROME

Entre
58 et 64
ou
58 et 67

dates incertaines pour la dernière décade de la vie de l’Apôtre ; l’enchaînement des Actes est le suivant (Ac 21-28):
- deux ans de captivité à Césarée sous les procurateurs Felix et Festus
- appel au tribunal de César et voyage à Rome ;
- captivité romaine (deux ans) ; issue incertaine :
* Paul condamné et exécuté (64 ?),
* ou bien libéré , d’où possible voyage en Espagne, avant une nouvelle arrestation, une nouvelle captivité romaine et le martyre (67)


Colossiens
Ephésiens

1 et 2 Timothée ; Tite





Programme de lecture proposé :

«Dieu m’a révélé son Fils » (Ga 1, 11-24)
Paul relit l’événement de Damas pour fonder sa mission d’annoncer l’Evangile aux Nations

«J’ai tout perdu pour gagner Christ » (Ph 3, 2-16)
Paul relit l’événement de Damas pour justifier la nouveauté chrétienne.

Naissance d'une Eglise à Thessalonique (1 Th 1-2)
Dieu aime les païens, l'Église vit dans l'espérance de la Venue du Seigneur.

Le message de la Croix (1 Co 1, 10-2, 5)
Face à l'engouement corinthien pour le discours et la sagesse, Paul recentre l'Évangile sur le message du Christ et du Christ crucifié.

Les charismes ou dons de l'Esprit (1 Co 12)
Les pratiques spirituelles dont raffolent les Corinthiens (prophétie, glossolalie) amènent Paul à exercer un discernement de ce qui est « dons de l'Esprit »

L'hymne au Christ abaissé et glorifié (Ph 2, 5-11)
Puisque l'appel pressant à l'unité des chrétiens de Philippes ne peut se réaliser sans l'humilité, Paul cite cet hymne qui est un joyau du christianisme primitif (dont il est peut être lui-même l'auteur)

Le baptême comme communion au Christ Pascal (Rm 6, 1-14)
Dans l'épître aux Romains, Paul expose comment la foi au Christ fait passer du péché à la justice, et de la justice au salut ; c'est sur cette trajectoire dynamique qu'il présente le baptême comme mouvement irréversible qui fait entrer dans la Pâque du Christ (mort, vie, résurrection avec le Christ)

La vie chrétienne sous la conduite de l'Esprit (Rm 8)
L'homme intérieurement divisé, esclave du Péché (Rm 7), est enfin libéré par l'Esprit du Christ, qui le conduit au salut dans l'espérance (Rm 8).

La conversion de Paul

D'après le récit des Actes des Apôtres (Ac 9), c'est alors qu'il se rendait de Jérusalem à Damas pour sévir contre les disciples de Jésus dans les synagogues de cette ville, que Saul, le persécuteur, a été subitement terrassé par une apparition du Christ, qui lui dit : "Je suis Jésus que tu persécutes". Aveuglé par cette lumière céleste, il est alors conduit chez un disciple de Damas, Ananie, qui, malgré ses craintes, l'accueille et le baptise. Ce récit doit émaner de la communauté de Damas : elle cherchait à dire comment elle l'avait échappé belle grâce à l'intervention de dernière minute de son Seigneur, qui avait retourné le persécuteur en apôtre.


Quand c'est Paul qui parle de Paul ...

Ce récit n'est pas sans intérêt ni vérité. Mais les quelques allusions[2] que Paul a faites lui-même à l'événement qui a bouleversé sa vie nous sont encore beaucoup plus précieuses. Il en parle très sobrement. Il met surtout en valeur ce qui l'a précédé et ce qui l'a suivi. Il ne dit pratiquement rien du processus lui-même. C'est tout juste s'il nous apprend indirectement que cela s'est passé à Damas (Ga 1, 17). Mais il met en lumière ce que cette rencontre du Christ a changé dans sa vie. Il le voit encore plus nettement après des années de ministère apostolique. Il y fait référence quand des contestations l'obligent à justifier sa qualité d'apôtre du Christ et sa manière de comprendre l'Evangile. Il relit alors l'événement de sa vocation, à partir de ce qui s'est passé à ce moment-là, mais aussi à la lumière de l'histoire qu'elle a engendrée.

L'interroger à partir de ces quelques allusions, ce n'est pas pure curiosité historienne : "dis-nous, Paul, ce qui t'est arrivé". C'est une manière d'entrer dans sa théologie à partir de ce qu'il a vécu lui-même, sur le moment et par la suite.


L'avorton devenu apôtre

En deux passages (1Co 9 et 1Co 15), Paul attribue sa qualification d'apôtre du Christ au fait que lui aussi, même lui, a bénéficié d'une apparition pascale : "Ne suis-je pas apôtre? n'ai-je pas vu Jésus notre Seigneur?" (1Co 9,1) ; "en tout dernier lieu il m'est apparu à moi aussi comme à l'avorton" (1Co 15,9). Dans le second il insiste sur la puissance de la grâce. Lui, le dernier de liste, l'indigne persécuteur, "l'avorton", non viable, mort-né, est devenu, par la grâce de Dieu, l'apôtre le plus efficace de tous. Paul parlera constamment de son ministère apostolique en termes de "grâce de Dieu" qui lui a été faite. Cela s'enracine dans l'expérience fondatrice qui a été la sienne. Celle-ci n'est sûrement pas étrangère à son insistance, plus tard, sur le fait que nous devenons justes aux yeux de Dieu sans l'avoir mérité, en vertu de sa seule grâce.

Un changement de regard


Nous allons maintenant nous arrêter aux deux autres passages où Paul relit l’événement de Damas : celui de l’épître aux Galates (1, 11-24) et celui de l’épître aux Philippiens (3, 2-16) qui méritent encore davantage de retenir notre attention, et nous y consacrerons nos deux premières fiches de lecture.

Ces deux textes s'expliquent par la controverse engagée avec ces judéo-chrétiens que nous appelons des « judaïsants » : des croyants de Jésus-Christ continuaient de donner une telle importance à la Loi juive comme institution de salut, qu'ils ne pensaient pas pouvoir dispenser les nouveaux croyants venus des nations de s'intégrer à la pratique du judaïsme. Le Christ Jésus était encore pour eux au service de la Loi. A leurs yeux il n'était pas encore devenu, à lui seul, le centre et le cœur de tout le dessein de salut de Dieu. Pour Paul au contraire, désormais tout nous est donné en la personne du Christ. C'est Lui, le don définitif de Dieu ; ouvrir tout son être au Christ par la foi est la seule manière pour tout homme de s'ajuster au dessein de Dieu.


Dans l'épître aux Galates, Paul relit l'événement de Damas pour fonder sa manière d'annoncer l'Evangile parmi les Nations, c'est-à-dire sans inféodation à la Loi, au Judaïsme.

Dans l'épître aux Philippiens, il relit l'événement de Damas comme lieu de révélation de la vraie « justice », de la vraie sainteté, que Dieu attend de l'homme : la communion au Christ pascal, sans avoir à passer par la Loi. Ces deux relectures sont liées.


Conversion ? Vocation ?

Le terme de « conversion » est ambigu dans notre langage actuel pour exprimer le changement dont Paul fait état. Il ne s’est pas converti du péché à la sainteté, à la manière par exemple d’un Charles de Foucauld ; il ne s’est pas converti d’une fausse religion à la vraie : Paul n’a jamais eu conscience d’abandonner sa foi juive au moment où il adhérait au Christ Jésus, bien au contraire.

Mais il a changé radicalement de regard sur la personne de Jésus : le Crucifié du Vendredi saint n’était plus à ses yeux le maudit de Dieu, mais son Fils glorifié en raison de son obéissance à son amour. En ce sens on peut parler de « conversion », de « retournement » complet. En même temps il faut souligner que Paul exprime sa conscience d’avoir vécu cette « conversion » comme un « appel » à l’apostolat, au sens fort du terme : la vocation d’être apôtre du Christ ressuscité pour annoncer l’Evangile et fonder des Eglises.






[1] - BIBLIA, n°4, Paul ou la folie de Dieu, Cerf 2001, p 11; modifié par l'auteur, PB.
[2] Ces allusions se trouvent en quatre passages des épîtres 1 Co 9,1-2; 15,9-11; Ga 1,11-24; Ph 3,2-16.

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